Jusqu’ici, les banques s’étaient assez bien accommodées de l’appréciation du franc, synonyme de place financière bien établie. De plus, avec la crise de la dette qui sévit dans la zone euro, un afflux de fonds dans les banques suisses avait été perçu comme un bénéfice secondaire. C’était du moins la conclusion du sondage effectué sur les établissements financiers suisses par Genève Place Financière, en novembre dernier.
Malgré cette manne intéressante, les analystes se rendent maintenant compte que la force du franc apporte également des conséquences négatives aux intervenants de la gestion de fortune. Dans sa dernière conférence de presse tenue il y a dix jours, les membres de l’Association des banquiers privés suisses ont commencé à manifester leur inquiétude à et effet.
Opinions d’experts
Selon le responsable du secteur bancaire et des marchés des capitaux chez Ernst & Young, Iqbal Khan, il appert « que le fait qu’une grande partie des actifs de la clientèle soit en monnaies étrangères implique une diminution des masses sous gestion reportées en francs. » Il voit dans cette situation un défi pour la rentabilité des banques.
Quant à Yves Bonzon, responsable des investissements chez Pictet il estime qu’: « en 2010, pour être à zéro sur les actifs européens en francs, il fallait gagner 22% sur les sous-jacents afin de compenser la perte de 18% sur l’euro.»
Niveaux « stratosphériques »
Pour reprendre l’expression de Jean-Christophe Pernollet, responsable financier chez EFG International, les niveaux « stratosphériques » de la monnaie helvétique affectent surtout les secteurs qui ont une base de coûts en francs et des revenus variés. « En priorité, donc, tous ceux qui font de la gestion offshore depuis la Suisse, sans présence à l’étranger ». Les secteurs à forte marge peuvent, selon cet expert, encaisser la hausse du franc sans broncher, mais si l’appréciation se poursuit, cela risque de leur poser problème.
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