Selon l’économiste Henri Sterdyniak, spécialiste des questions européennes à l’OFCE (Centre de recherche en économie de Sciences politiques), les solutions proposées par les chefs d’État et de gouvernement des Vingt-Sept – à l’occasion de leur réunion, hier, à Bruxelles – pourraient aggraver le chômage et plomber la croissance en Europe dans les prochaines années.
Deux solutions
Cette rencontre des Vingt-Sept avait pour but de suggérer des mesures qui permettraient à la zone euro de mieux résister aux crises financières à l’avenir. Les solutions qui ont été avancées sont les suivantes : pérenniser le fonds de soutien aux pays en difficulté (créé en mai suite à la crise grecque) et renforcer la discipline budgétaire.
Point de vue de l’économiste
D’emblée, celui-ci souligne que le Fonds européen de stabilisation financière en est un de 750 milliards d’euros destiné à aider les pays qui ne pourraient plus emprunter sur les marchés. Sur cette somme, le FMI s’est engagé à prêter 250 milliards, l’Union européenne 60 et les États européens 440. Comme ce fonds doit expirer en 2013, les États européens souhaitent aujourd’hui un fonds permanent. Ce dispositif servirait, selon eux, à rassurer les marchés, à leur montrer qu’un État ne peut être mis en faillite.
M. Sterdyniak considère que ce sont de nouveaux moyens de pression contre les États qui ne respectent pas le Pacte de stabilité et de croissance, qui impose un déficit inférieur à 3 % du PIB et une dette [cumul des déficits annuels] inférieure à 60 %.
« Ces seuils, ajoute-t-il, sont aujourd’hui, suite à la crise, largement dépassés. Le déficit 2010 en France s’élève ainsi à 7,7 %. Actuellement, quand un pays dépasse ces limites, il peut en théorie être condamné à une amende, mais le Conseil [les États] doit voter cette sanction à la majorité qualifiée. Il ne l’a jamais fait, par solidarité avec les copains. Dorénavant, les amendes seront automatiques, et il faudra qu’une majorité qualifiée d’États se prononce contre afin que ces amendes ne s’appliquent pas. »
D’autres options
« Pour rassurer les marchés, réaffirmons plutôt la solidarité dans la zone euro ». Selon l’économiste, la discipline budgétaire n’est pas le plus gros problème de l’Europe aujourd’hui. « Le déficit est de 6,6 % dans la zone euro, contre 11 % aux États-Unis. Il faut, affirme-t-il, renoncer aux seuils de 3 % et 60 %, et avoir une stratégie davantage axée sur la croissance et l’emploi. Malheureusement, les États n’ont jamais réussi à se mettre d’accord pour plus de coordination économique. La crise n’a pas suffi à les convaincre. » Un dossier à suivre donc…
Source : http://www.reussirbusiness.com
C’est bien de pouvoir suivre!